Des conséquences environnementales, sociales, politiques et internationales
Cette stratégie
économique a un grand impact sur l’environnement, puisqu'elle vise la
surconsommation donc elle cause un surplus de déchets.
Chaque année, dans l'Hexagone, 1,7 million de tonnes sont dues aux déchets électroniques.
De plus, ils ont une croissance annuelle de 3 à 5 %, selon l'Ademe (Agence de
l'environnement et de la maîtrise de l'énergie).
Au niveau des
produits électroniques un grand problème se pose. En
ce moment les entreprises de recyclage signalent surtout des PC 386 mais la
vague de Pentium devrait arriver sous peu. Selon Le Monde la
durée de vie moyenne d'un ordinateur est passée de six ans à deux ans entre
1997 et 2005. Les circuits de recyclage de plastiques et de métaux
ne prennent pas en charges le stockage des déchets informatiques, les matières
premières utilisées sont non renouvelables. Cela nous conduit à l'épuisement
des ressources naturelles.
Selon L'OCDE les réserves de cuivre, plomb, nickel,
argent, étain et zinc ne dépasseraient pas 30 années, l'aluminium et le fer se
situant entre 60 et 80 ans. Pour pouvoir continuer à produire en masse, les
pays de grandes consommations renvoient leurs déchets vers des zones
géographiques où le stockage est négociable à moindre coût. Dès lors, des
tonnes de déchets sont ainsi abandonnées dans des zones de la planète qui
servent de dépotoir, 90 % des sont incinérés ou
enterrés sauvagement. Ils causent des impacts directs
sur la biodiversité et le réchauffement climatique. Les substances toxiques libérées lors des incinérations
contaminent également le canal et le sol de la décharge, sur lequel vaches et
moutons viennent paître, au milieu des carcasses d’ordinateurs
Jusqu’à présent, la Chine et l’Inde étaient
les deux pays recensés comme principales destinations pour ces déchets. Mais L’Afrique est également victime de ce trafic,
comme on peut le voir au Ghana. Avec l’Inde, ce pays se
retrouve gravement touché. Cette pollution entraine des conséquences humaines
et sanitaires désastreuses, qui contribuent à générer des tensions
géopolitiques, comme on peut le voir au Congo avec le coltan.
Au Ghana, des zones
de stockages de déchets ont détruit des
parcs naturels, un des exemples le plus polémiques est celui de la décharge d’Agbogbloshie market, qui s’étend sur près de 10 km !
Le Ghana : poubelle pour les "e-déchets"
A Accra, la capitale du Ghana, une véritable
chaîne marchande s’est ainsi mise en place autour du trafic des « e-déchets » :
« C’est un business illégal mais toléré, car il représente une manne financière
gigantesque » témoigne Nyaba Ouedraogo.
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La fumée noire de la décharge d'Aglogbloshie market | Accra, Ghana | © Nyaba Ouedraogo, photographe franco-burkinabé, qui a enquêté sur place en janvier et novembre 2008. |
Officiellement, ces cargaisons d’appareils
hors d’usage sont destinées à être « réutilisées ». Mais, en réalité, la
plupart du matériel est hors d’usage (uniquement
10% des produits sont réparables) et envoyé en masse pour être trié par des enfants sans protection. C'est
à dire sans aucune assurance de travail, ni uniforme. Cela permet surtout aux pays développés de
s’épargner un recyclage ou un retraitement des appareils sur leur territoire,
souvent jugé trop coûteux et dangereux pour l’environnement.
Dès l’aube et jusqu’au coucher du soleil, des
dizaines de jeunes ghanéens, âgés de 10 à 25 ans s’y épuisent à la tâche. Sept
jours sur sept. Ces jeunes gens démontent
les appareils électroniques avec des pierres comme outils, à la
recherche de métaux qui peuvent être revendus. L’aluminium et le cuivre sont revendus deux dollars les cinq
kilos. Les employés des décharges
s’occupent d’enterrer les déchets sous terre ou de les incinérer.
Or, dans un ordinateur il y a de nombreux produits chimiques tel que de
l’arsenic, du cyanure, des terres rares et des métaux lourds qui pendant
l'incinération peuvent provoquer de graves lésions, des cancers et des
affections pulmonaires.
Les
matériaux récupérés dans les DEEE (Déchets Electriques et Equipements
Electroniques) ont des conséquences désastreuses à tous les niveaux sanitaires :
Le plomb que l’on trouve dans les tubes
cathodiques des moniteurs endommage les systèmes nerveux, sanguins et
reproductifs. Le mercure présent dans
les écrans est surtout nocif pour les enfants, en particulier leur cerveau
ainsi que leur système nerveux. Le cadmium, présent dans les batteries
d’ordinateur est très toxique et dangereux pour les os et les reins. Le P.V.C,
qui se trouve dans de nombreuses DEEE, il émet, lorsqu’il brûle, des substances
chimique cancérigènes qui entrainent des problèmes respiratoires,
cardiovasculaires et dermatologiques.
Nyaba Ouedraogo témoigne : « Après ma
première journée passée à la décharge, j’ai éternué toute la nuit, mon nez
coulait. Des enfants m’ont raconté qu’ils crachaient du sang ou avaient des
maux de tête violents après avoir aspiré la fumée noire qui flottait au-dessus
de la décharge ».
Tout cela pour gagner dans les meilleurs jours 1 euro au maximum.
L’obsolescence programmée est favorisée par
la recherche continue de proposer aux clients des produits à bas coût. Mais
cela entraine une baisse de qualité donc une plus grande fragilité des produits.
De plus, la complexité croissante des produits, le faible coût de produits
neufs, le manque de pièces détachées et
les accords entre entreprises pour ne pas procéder à la réparation de certains
produits rend souvent questionnable la rentabilité économique de cette réparation.
Greenpeace ainsi que d’autres ONG critiquent
fortement et de plus en plus les entreprises utilisant l’obsolescence programmée,
la production de masse et ne pratiquant pas le recyclage. Parmi les nombreux
exemples se trouvent les entreprises
Philips et Sharp car leurs travailleurs sont exposés à des doses de plomb ou de
phtalates jusqu'à cent fois supérieures aux normes généralement admises.
« La plupart des produits chimiques diffusés
sont hautement toxiques, certains pourraient affecter le système reproducteur
des enfants, tandis que d’autres peuvent avoir des conséquences sur le
développement du cerveau et sur le système nerveux », explique le docteur Kevin
Bridgen, membre de Greenpeace.
Greenpeace demande encore une fois aux
fabricants d’éliminer les produits toxiques de leurs produits, et surtout de
mettre en place une politique efficace pour recycler les déchets.
Des mesures ont été prises pour interdire ces
flux de déchets électriques envers les pays en voie de développement :
- La
Convention de Bâle, entrée en vigueur en 1992, interdit tout échange de déchets
contenant des substances toxiques vers les pays en voie de développement.
- En Europe, deux textes règlementent la
collecte et le recyclage des déchets. La directive « Déchets Electriques et
Equipements Electroniques » (DEEE) impose aux producteurs d’appareils
électroniques de traiter les déchets de façon aussi écologique que possible
lors de leur élimination. La seconde, intitulée « Restriction of Hazardous
Substances » (ROHF), restreint les concentrations autorisées de six substances
dangereuses (plomb, mercure, cadmium, chrome hexavalent, PBB, PBDE) dans les
produits électriques et électroniques.
- Selon le Programme des Nations Unies pour
l’Environnement (PNUE), entre 20 et 50 millions tonnes de DEEE sont produits
chaque année dans le monde. Seulement un quart des 8,7 millions de tonnes de
déchets électroniques produits annuellement en Europe (dont 1,7 million en
France), sont collectés et traités.
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