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:
Un produit qui ne s'use pas est une tragédie pour les affaires
» lisait-on dès 1928 dans un magazine économique spécialisé.
Aujourd'hui c'est la base de notre économie et le succès de sa
formidable croissance depuis plus d'un siècle. La croissance économique est devenue ainsi le Saint Graal, le but ultime, la quintessence de notre sacro-sainte société de consommation. Le problème, c'est qu'à l'heure ou notre environnement/planète souffre à grande échelle de nos excès, de nos gaspillages, de nos pollutions ... il devient évident qu'une telle idéologie, basée sur la consommation à outrance, nous conduira inéluctablement dans le mur. |
C'est sur ce documentaire et les questions qu'il soulève que je vous propose de refléchir.
C'est au début de l'ère industrielle (début du XXème siècle) que ce concept d'obsolescence programmée est apparu.
Avec la production à la chaine et la baisse des coûts de production, les prix ont chûté pour le plus grand bonheur des consommateurs. Nous entrions dans la société de consommation, telle que nous la connaissons encore aujourd'hui.
Mais comment s'assurer que les consommateurs continuent à consommer ... une fois tous leurs besoins satisfaits ?
Une 1ère idée consiste à faire en sorte que les appareils soient conçus pour durer un certain temps, mais surtout pas trop longtemps !
Avec la crise de 1929, l'obsolescence programmée aurait même pu être adoptée comme une obligation légale. C'est ce qu'a voulu proposer, sans succès, Bernard London en 1932.
En plus de la durée de vie des appareils, déterminée dès leur sortie d'usine par les fabriquants, une 2ème approche consiste à « créer le besoin ». Grâce au marketing, à la publicité, en améliorant ou changeant le produit et son design régulièrement, il s'agit de séduire le consommateur et susciter son désir insatiable pour qu'il ait toujours envie d'acquérir le dernier modèle. C'est l'approche décrite par Brooks Stevens qui régit plus que jamais notre vie moderne de tous les jours.
Ainsi le consommateur achète souvent et très régulièrement pour remplacer ses appareils courants, que ceux-ci soient usés et cassés (1ère approche) ou obsolètes et dépassés (2ème idée).
La société de consommation fonctionne ainsi, bon gré mal gré, malgré les chahuts provoqués par les crash économiques périodiques, et va de l'avant depuis plus d'un siècle.
L'ennui, c'est que le seul et unique salut qu'a trouvé notre monde, notre société se trouve dans cette croissance économique basée sur le « produire toujours et encore plus ! »
Mais notre monde survivra-t-il à ce modèle ?
Rien n'est moins sur. En effet « celui qui croit qu'une croissance infinie est compatible avec notre planète aux dimensions et ressources finies est un fou ...». Et aujourd'hui, nos impératifs écologiques et environnementaux sont devenus des enjeux vitaux à traiter de manière globale.
Est-il possible, dès lors, d'imaginer une économie viable, sans obsolescence programmée et sans impact sur l'environnement ?
Certains pensent que oui. Et même sans adopter un point de vue radical, comme celui soutenu par Serge Latouche, des solutions ou propositions existent.
- Pourquoi ne pas exiger des fabricants qu'ils se débarrassent eux même de leurs produits en tenant compte de l'environnement ?
- Pourquoi ne pas augmenter de manière importante (X30 ou 40) le prix du transport. Ainsi il deviendrait rentable de produire des objets qui durent plus longtemps (plutôt que de les re-transporter plus souvent). Accessoirement cela peut aussi être considéré comme une piste pour lutter contre la délocalisation de la production dans des pays à main d'oeuvre bon marché.
- Enfin, pour les produits qui ont nécessairement un cycle de
vie court, pourquoi ne pas envisager, dès la conception du produit,
et comme on le trouve naturellement dans la nature, de ne laisser
que des « nutriments » plutôt que des déchets difficiles à
éliminer.
* La vidéo originale :
Malheureusement il est aujourd'hui devenu impossible de retrouver ce reportage sur Arte.tv. Vous pouvez heureusement visualiser l'intégralité de ce documentaire sur Internet.
1ère partie 2ème partie 3ème partie 4ème partie
Malheureusement il est aujourd'hui devenu impossible de retrouver ce reportage sur Arte.tv. Vous pouvez heureusement visualiser l'intégralité de ce documentaire sur Internet.
1ère partie 2ème partie 3ème partie 4ème partie
Approfondir le sujet :
- En finir avec la crise avec l'obsolescence programmée (En) : une proposition écrite pas Bernad London en 1932 et qui suggère de rendre cette obsolescence programmée obligatoire légalement. Une approche trop radicale qui ne sera pas suivie.
- Brooks Stevens (En), le père fondateur qui pose les bases de notre société actuelle : la consommation est stimulée par le design et le marketing. Le but est de séduire le consommateur et susciter le désir insatiable pour le dernier modèle. L'obsolescence programmée n'est pas alors une obligation légale comme pour Bernard London mais vient du consommateur.
- Vance Packard (Fr) écrit « The Waste Makers », une critique de l'obsolescence programmée.
- Serge
Latouche (Fr), un opposant qui milite pour "en finir avec
notre société de croissance".
Benoît Hamon compte lutter contre l'obsolescence programmée dans l'industrie high-tech, qui renouvelle trop rapidement certaines gammes de pièces et de produits. Il compte en particulier consulter le Conseil national de la consommation sur ce sujet. Mais sa marge de manœuvre pour agir est bien mince.

Acquérir
un bien plus récent pour en remplacer un autre devenu obsolète n'a
évidemment pas que des aspects négatifs. En schématisant
grossièrement, les achats d'un nouvel appareil permettent de
financer les activités de l'entreprise, notamment en matière de
recherche et de développement. Ces entrées d'argent participent au
financement de l'innovation, celle-ci se répercutant ensuite sur la
prochaine génération de produit.
Mais
quid lorsque le renouvellement est trop soutenu, au point
d'apparaître anormal ? C'est la critique en filigrane
d'associations écologistes, qui jugent que le processus de
remplacement des produits n'a plus rien de "naturel" dans
certaines entreprises. Celui-ci serait déterminé en amont par
l'entreprise, pour satisfaire un agenda économique précis. Et tant
pis pour la planète ou les finances des clients.
La
critique récente formulée par les Amis
de la Terre à l'encontre de l'iPhone 5 n'est ainsi pas passée
inaperçue. Au même moment, Benoît Hamon était interrogé par le
magazine 60
Millions de consommateurs. Le ministre délégué à l'économie
sociale et solidaire et à la consommation développe alors un
propos résolument hostile à l'obsolescence programmée qui serait
menée par certaines firmes.
"L’obsolescence
des appareils est quasiment pensée au départ par les opérateurs
pour favoriser le renouvellement. Or, acheter un appareil qui est
destiné à être totalement démodé un an plus tard pose d’autant
plus question lorsque le constructeur a lui-même organisé cette
obsolescence. Cela constitue un sujet de travail et de
préoccupation",
explique-t-il.
Que
compte faire le ministre dont l'intitulé du ministère est on ne
peut plus clair ? Pour l'instant, pas grand chose. Benoît Hamon
veut pour l'instant consulter le Conseil
national de la consommation et déterminer les moyens pour
"lutter contre
cette obsolescence programmée dans le domaine du numérique".
Une lutte qui passera par une mise en garde. De qui ? Des
consommateurs ? Des firmes ? Il ne le précise pas.
Reste
à savoir comment Benoît Hamon va pouvoir mettre le holà à la
stratégie commerciale des Apple, Samsung et autres fabricants de
téléphones mobiles. Une chose est sûre, la notion d'obsolescence
programmée est débattue et ne convainc pas tout le monde. Elle ne
recouvre d'ailleurs pas tout à fait les mêmes notions, en témoigne
l'interview du ministre.
Benoît
Hamon parle en effet d'une obsolescence provoquée par l'arrivée
d'un bien plus récent qui ringardise l'ancien et pousse le
consommateur à faire un achat dont il pourrait, a priori, se
passer. La notion généralement admise de ce concept, et abordée
d'ailleurs dans le documentaire très médiatisé d'Arte, Prêt
à jeter, est que l'obsolescence est programmée directement
dans les appareils.
Une
éventualité que rejette l'économiste Alexandre Delaigue, qui
considère que cette notion est un mythe et que le documentaire est
"hilarant de
bêtise" et
"nauséabond de
complotisme".
Dans un long
développement sur son blog, il explique que le seul cas connu
pouvant s'en rapprocher est une imprimante intégrant un système
ralentissant la machine au bout d'un certain nombre d'impressions).
Pour
Alexandre Dalaigue, comme pour
d'autres d'ailleurs, l'obsolescence programmée est
techniquement impossible à mettre en place, notamment parce que les
usages des produits varient selon les individus. Une machine à
laver peut être utilisée une fois par semaine comme tous les
jours. L'usure des pièces n'est alors pas la même et la vitesse de
dégradation du matériel varie alors.
Ensuite
parce que les industriels doivent trouver le juste milieu entre la
longévité d'un produit et son coût de fabrication. Coût qui se
répercutera ensuite sur le prix de vente final. Or, si rallonger la
longévité d'un produit est possible, cela se fait au détriment
d'autres qualités qui sont tout autant réclamées par les
consommateurs : esthétisme, coût, poids, taille...
Pistes construisant des solutions :
Comment
faire pour sortir de cette impasse et aller vers un modèle
soutenable ? Au-delà des entreprises et des pouvoirs publics qui ont
un rôle considérable à jouer, chaque individu peut y contribuer.
Nous vous proposons quelques pistes, et comptons sur vos
contributions pour enrichir ces propositions.
Comment s’opposer ?
Le consommateur-citoyen peut se sentir démuni face à ces pratiques, surtout lorsque tous les producteurs d’un même secteur les utilisent, rendant impossible le choix d’un produit plus durable que les autres.A l’échelle individuelle, on peut cependant agir en cherchant systématiquement des solutions de réparation avant d’envisager le remplacement d’un objet. Cette démarche s’apparente parfois à un parcours du combattant, mais elle permet de soutenir une profession – celle de l’artisan- réparateur – directement touchée par la mise en place à grande échelle de l’obsolescence programmée. Le recensement des structures ou artisans proposant de la réparation ou de l’achat d’occasion peut d’ailleurs constituer une action intéressante à proposer au niveau de la commune ou de la communauté de communes, dans le cadre des programmes locaux de prévention des déchets.
A un niveau plus global, le Cniid porte plusieurs demandes visant à faire cesser ces pratiques et à mettre la logique économique en cohérence avec la réalité environnementale : affichage de la durée de vie des produits, extension de la garantie légale, obligation de rendre disponibles les pièces détachées à un coût raisonnable. Le comité de la prévention du ministère du Développement durable a annoncé récemment le lancement d’une réflexion sur la durée de vie des produits. Nul doute que les industriels affûtent déjà leurs armes...
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